La semaine dernière, je lis dans un magazine que les girafes sont en train de disparaître à petit feu et en silence sans que personne ne s’alarme. Ça m’a complètement dévastée. Une bonne amie me répond « Quelle catastrophe ! Il n’y a pas plus mignon qu’une girafe ! Le mec qui a eu l’idée d’inviter la girafe, c’est un dieu ! » (oui, elle a vraiment dit ça et non, il n’était pas 3h du matin, et non, on n’était pas bourrées).
Entre la disparition d’espèces animales toujours plus nombreuses (en 2050, entre 20 et 30% des espèces animales auront disparu selon Hubert Reeves) et le 7ème continent de plastique qui continue de grossir, il y a de quoi se cacher sous la couette de honte et de tristesse. L’action la plus évidente et immédiate pour tenter de sauver notre petite planète bleue, c’est l’action individuelle : faire preuve de bon sens et minimiser son empreinte écologique.
Ça m’a encore plus frappé en ce début d’année et sa période de soldes. Ça m’a pas un peu overdosé tous ces gens avec leurs sacs plastiques aux marques et slogans dégueulasses, dégueulants de fringues en pétrole datant d’il y a 4 ans ou de bidules made in China…
C’est pas tant la crise que ça finalement… Mais surtout, est-ce qu’on a besoin d’acheter autant ? Est-ce qu’on est plus heureux en possédant plus ? Où se trouve le bonheur (Christophe Maé, je te reçois 5/5) ? Dans l’accumulation ? Dans l’Être ou dans l’Avoir ?
J’ai entendu parler du zéro déchet il y a déjà 2 ans. Une émission de radio par-ci, un reportage au journal de Pernaut par-là, mais surtout un grand nombre de personnes autour de moi qui commencent à aller faire leurs courses avec des bocaux, à raccommoder leurs fringues ou à tenter de réparer leur grille-pain plutôt que d’aller en acheter un nouveau… Bref, ça m’intrigue et m’amuse et je me retrouve à lire la bible de Béa Johnson, la papesse du zéro déchet (non, malgré ces vocables sacrés, il n’y a rien de religieux et encore moins de sectaire dans ce mouvement).
Après la lecture du livre, je ne vais pas vous mentir : j’étais démoralisée. Je suis une ayatollah du tri des déchets (parfois même, discrètement chez les copains, je trie #psychopathe), je fais du rangement et du tri dans ma garde-robe et mes placards très régulièrement et malgré ça, j’étais (presque) au niveau zéro sur l’échelle de Zéro Déchet. Flûte. Et je suis extra polie.
Alors, je reprends les choses de zéro.
Le zéro déchet, c’est produire le moins de déchets possibles, car le meilleur des déchets est celui qu’on ne produit pas. Ok, alors pour ça, je commence par suivre à la lettre les 5 R de Béa Johnson :
Refuser (l’inutile) : j’évite comme je peux dans la rue les street marketeurs qui t’inondent d’échantillons gratuits, de tracts, etc. Je dis non aussi aux sacs en plastique, cartes de visite, etc.
Réduire (l’indispensable) : j’étends le travail de tri à tout mon appartement. De la cuisine (3 tire-bouchons vraiment ?) au salon (je vire les magazines de graphisme qui font branché sur la table du salon mais que je n’ai jamais ouvert). Bref, je passe au peigne fin ma vie et mon rapport aux objets (utile ? Pas utile?)
Réutiliser (ce qui peut l’être) : le sac plastique auquel je n’ai pu échapper devient sac poubelle, les bocaux de confiture se reconvertissent en tupperwares au frigo et je fais mes courses à la sauce hype au Franprix avec mes tote bag de festivals. Système D, c’est parti !
Recycler (ce qu’on ne peut refuser, réduire ou réutiliser) : je suis encore plus au taquet question consignes de tri (j’ai envoyé un mail à EcoEmballages pour re-vérifier les consignes, #grossefayotte) et pour tout ce qui peut encore être utilisé, je donne à différentes associations ou dans des Boites à partage.
Rot (composter en anglais, le reste) : j’adhère à un composteur collectif et je découvre les supers pouvoirs du lombric (dégueu mais ultra-efficace!).
J’en ai bavé un peu à intégrer toutes ces règles au départ. Beaucoup de « non merci », pas mal de « pas besoin de ça chez moi », énormément de remue-méninges. Ça semble un peu rébarbatif énoncé comme ça mais en fait, c’est assez simple. J’ai pris le temps de m’écouter, d’y aller à mon rythme. Et de me louper grave aussi… Mais comme dirait John McEnroe, « L’important est de tirer une leçon de chaque échec. ».
Sur le papier, c’est assez simple mais voilà, parfois, mon réflexe bête et consumériste reprend le dessus.
Comme le soir où j’étais en retard pour un apéro chez des copains. Pleines de bonnes résolutions zéro déchetistes, je passe au Carouf bio du quartier. Arrivée au rayon légumes, je tique : il y a des tomates cerises. On est en janvier. Elles sortent d’où ces tomates ? Si je réfléchis bien, je suis dans la version bio d’une grande enseigne low cost (qui elle-même n’hésite pas non plus à vendre des tomates en janvier). Il y a un truc qui cloche. Il y a très fort à parier que ces tomates viennent d’un champ en Andalousie, qu’elles y ait été produites en hiver sous serre et traitées/pesticidisées par des ouvriers Mexicains sans papiers, sous-payés et logés dans des préfabriqués de fortune. Dis donc, Carouf bio, elles chantent vraiment bio tes tomates cerises ?
J’ai pris mon bon sens, mon envie zéro déchet, mes cliques et mes claques et on est tous partis acheter du vin chez mon caviste nature. Le zéro déchet, c’est finalement réfléchir à comment je vis et comment je consomme. Parce qu’acheter, c’est voter.
Acheter ses tomates bio, à la bonne saison, à un petit producteur local sur le marché de son quartier, c’est un acte solidaire, responsable et durable. En gros, privilégier les circuits courts et indépendants plutôt que la grande distribution, fréquenter les épiceries en vrac, se lancer dans l’aventure composteur maison ou collectif. Le bon sens, quoi. Je crois que je l’ai eu cette fois.
Zéro déchet 1 / Greenwashing 0
Dans le chapitre « produits sur-emballés et toxiques pour la santé », il y a aussi les produits ménagers et les cosmétiques. Le Zéro Déchet conseille de se mettre à faire/fabriquer soi-même : meilleure qualité, moins cher et moins mauvais pour nous et la planète. Alors, là, je fonce ! Je trouve quantité de recettes sur les internets.
Sauf que j’ai eu quelques déconvenues : j’avais trouvé THE recette pour faire moi-même mon liquide vaisselle. Peu d’ingrédients, tous faciles d’accès et peu chers, tous multi-usages. Je m’attèle tel un petit chimiste (comme Latchetch en sortant la langue quand elle a fabriqué sa lessive liquide) et j’obtiens toute fière mon premier flacon de liquide vaisselle. AH AH ! Prenez garde à vous Auchan, Carrefour et consorts géants de la distribution ! J’ai gagné mon indépendance ! Je suis désormais autonome en liquide vaisselle !
Bon, passée l’euphorie de la victoire de David sur Goliath, je m’attaque à la vaisselle dans mon évier et là… poin poin poin poin … La vaisselle garde après rincage un petit film gras et les verres ont l’allure voilée. Je rince, je rince. Rien n’y fait. Au final, je dépense plus de temps, d’énergie et d’eau à rincer ce liquide vaisselle surgras.
Zéro déchet 0 / Modernité 1
J’ai aussi pris conscience que l’extraction de matières premières nécessaire à la fabrication du moindre objet manufacturé a un coût : en premier lieu, celui de l’appauvrissement des sols et, bien évidemment ensuite, celui de l’augmentation des déchets produits. Alors dès qu’une envie d’acheter me taraude, je tente de me tourner vers le marché d’occasion (ce qui encourage aussi l’économie circulaire et solidaire) ou les marques éthiques et durables plutôt que vers le neuf. Même si question lingerie et chaussettes, je faile encore pas mal… Les marques éthiques et durables ont un coût (mais la qualité aussi…) largement supérieur comparé aux marques conventionnelles.
Verdict ?
J’étais un peu sceptique au départ, je suis une ultra-convaincue à l’arrivée même si pas encore ultra-performante. La bonne nouvelle, c’est que je fais des émules, d’abord dubitatifs devant mon tawashi (éponge tricoté avec des vieux collants), certains de mes amis s’y mettent doucement, à leur rythme.
Le zéro déchet, ça m’a permis de revoir mon rapport à l’achat et aux objets. Je me suis réappropriée mes besoins en laissant de côté les sirènes de la société de consommation qui nous dit constamment qu’on a besoin d’acheter tel et tel truc pour être heureux. Et je fais ma part tel le colibri pour la planète.
Avec le zéro déchet, j’ai gagné une vie plus simple, moins chère et plus respecteuse de l’humain et de la planète : parce que, petit rappel, sur les 30 millions de tonnes de déchets ménagers qui sont générés chaque année en France, 66% des déchets produits finissent traités en décharge ou incinération. (pour en savoir plus, lien).
17 commentaires
Top Bravo j’essaye également de faire attention de plus en plus. Pour la vaisselle/produits d’entretien je suis passée à un gros savon de Marseille, un coup d’éponge dessus je frotte et ca brille en 2secs et surtout c’est plus sain.
J’ai lu pas mal de chose sur cette éponge japonaise mais trop grand cap pour moi pour le moment !
Marie
Yes ! Super article !
Je m’y mets aussi doucement mais pas vraiment sûrement. Pour la nourriture avec Satoriz pas loin du boulot, on est pas mauvais ; mais alors pour tout ce qui est cosmétiques et produits d’entretien, je suis passée au tout écolo / tout bio mais avec encore plein d’emballages !
Y’a juste la lessive que j’achète maintenant en écorecharge et les savonnettes qu’on a partout à la place des ancien pousse-mousses. Prochaine étape : le pain de savon d’Alep à la place du gel douche et un shampoing solide pas trop merdique (si tu as des marques à me recommander, je suis preneuse…).
Et puis on utilise encore des kleenex et des disques de coton mais ce sera encore l’étape d’après ça…
Petit à petit 😉
Clementine, je suis passée il y a peu aux “cotons demaquillants” réutilisables en eucaliptus (les tendances d’Emma achetés chez Day by day, magasin vrac) et honnêtement, c’est super facile de s’y mettre, on ne voit presque pas la difference à l’usage et ma poubelle de salle de bains est devenue toute maigrichonne! Un petit investissement au départ mais je pense que c’est vite rentabilisé! Je t’encourage donc à faire le test toi aussi 🙂
Tout à fait en accord avec toi Anne ! Merci ?
Sinon pour les éponges chez nous c’est l’éponge écolo de chez Auchan avec une espèce de foin tressé côté grattant 😉
Le truc, c’est que ces éponges sont encore et toujours en pétrole/plastique donc dès qu’on peut trouver une alternative et qu’on est prêt psychologiquement, il faut foncer ?
Génial que Citycrunch parle de ça ! Un joli article 🙂
Super article , moi aussi je me suis lancée dans le zéro déchet bon encore loin du bocal de déchet mais on c’est toujours mieux que de ne rien faire, j’ai adore votre article 😉
Merci ! Et plein de courage dans votre lancée ! On est tous des colibris ??
Merci Marie et merci Clémentine ! Et bravo pour votre lancée ! Ce que j’aime avec ce mouvement, c’est l’échange et le partage que cela crée entre les gens. On échange des astuces, des adresses. Le lien !!
Marie, le tawashi, je l’utilise pour laver la vaisselle mais j’ai encore des éponges classiques de ma vie “d’avant” ? Mais je passerai au fur et à mesure à Zéro éponge / plein de tawashi !
Clémentine, je suis déjà savon addict, j’ai tenté le savon liquide maison aussi pour les mains (pas mal) et le shampoing solide, c’est top. J’ai le savon en forme de donut fleuri (je ne me souviens pas de la marque). Il est par contre emballé dans un sachet plastique…
Bravo pour cet article !
J’essaie de diminuer nos déchets, même si je suis encore très très loin du bocal par an de Béa Johnson ! On a quand même réussi à diminuer de 50% le poids de nos poubelles en un an, c’est toujours ça de moins !
Merci Virginie ! On est tous très très loin de Béa mais je trouve ça chouette comme projet/but 😉 Elle a fait des émules cette sacrée Française 🙂
Yes super cet article, l’avantage c’est qu’il parle à tout le monde ! Non, le zéro déchet n’est pas une lubie des anti-poubelles, c’est bien un mode de vie tourné vers l’essentiel, le bien fait, le bon, le naturel bref, vers le best of de la vie !
Contente de voir que de plus en plus de monde tentent l’aventure. Nous avons mis en place un kit pour se lancer super facilement : http://www.zorrodechet.com et sans déchet bien sûr !
Super article (comme très souvent). La démarche écolo bio zéro déchet est une aventure et on se rend vite compte que nous avons des progrès à faire. Nous ne sommes pas parfaits mais la volonté de faire mieux et toutes les petites victoires de chacun d’entre-nous réunies nous permettrons peut-être d’aller vers un monde meilleur ! C’est dommage qu’il n’y ait pas plus de boutique de vente en vrac à Lyon. Sinon je confirme, le savon de Marseille pour la vaisselle c’est tip top ! Et pour le shampoing, Lamazuna et Pachamamaï sont bien.
Bonne continuation !
Merci Elsa, Tout à fait d’accord avec toi. Il faut que les gens se détendent : Béa Johnson a ouvert la voie et démocratisé le mouvement mais il n’y a aucune injonction à suivre à la lettre près son parcours et ses règles. Et il en va bien évidemment de même pour cet article ! On fait ce qu’on peut, on cherche évidemment toujours à s’améliorer (mais comme pour tout dans la vie finalement ?) et petit à petit, une armee de colibris se mettra en place !
Tu es à Lyon ? 2 belles nouvelles concernant le vrac : ça arrive ! Bulko qui a ouvert quai Saint-Vincent il y a peu et À la Source qui va ouvrir place Guichard courant mai. Rassurée ? ?
Bonjour
On est d’accord, sur le papier c’est simple 😉
Bravo !
Mais oui, mais c’est comme tout, il faut commencer doucement, progressivement, le temps d’ancrer les habitudes ?