Ce week-end, c’était le festival du glabre et de de la chemise imprimée ananas sur les terrasses de toutes les villes de France. Normal : tous les métalleux poilus à t-shirts noirs sont partis faire des cornes avec les doigts à Clisson, le patelin de Loire-Atlantique qui accueille le Hellfest. Et si comme moi vous avez des proches avec des tendances plus ou moins prononcées pour les grosses barbes, la bière chaude et le dernier album d’Ultra Vomit, deux options : soit ils sont partis faire du headbang avec quelques dizaines de milliers d’autres gueudins, soit ils sont dégoûtés de ne pas y être (soit ils passent le bac et sont dégoûtés, de toute façon…).
Donc, pendant que (presque) tous mes amis sont au Hellfest, moi je m’interroge. Qui sont les métalleux ? Comment les reconnaître ? Peut-on sortir avec un métalleux sans danger pour la santé ? La métallerie est-elle une filière d’avenir ? A partir de quel âge peut-on emmener son enfant en festoche ? Vous avez 4 heures.
Les pass 3 jours du festival, qui coûtent quand même 200 euros, se sont arrachés en quelques heures au mois de novembre dernier. A première vue, le métalleux est donc prévoyant et dispose d’un certain pouvoir d’achat. Il est aussi un peu aventurier : il s’agit pour certains de traverser la France avec sa Quechua pour passer 3 jours dans un immense camping aux douches aléatoires ! Alors évidemment, quand on habite Nantes, c’est de la triche. Mais les Lillois, les Lyonnais, les Montpelliérains et les Stéphanois, pour ne citer qu’eux, ont carrément du mérite.
Au niveau du look, attention, tous les barbus ne sont pas des métalleux, et tous les métalleux ne sont pas barbus non plus… Et d’ailleurs, selon la taille et la forme de la barbe, peut-on être à la fois métalleux ET hipster ? Peut-on légitimement mettre Rammstein, Pearl Jam, Metronomy et Hyphen Hyphen sur un pied d’égalité dans sa playlist – sans se faire casser la gueule par l’une ou l’autre des factions ? C’est une vraie question… Par contre, question habillement et accessoire, pas de confusion possible. Du noir, du noir, et encore du noir ! Et si possible du t-shirts à l’effigie d’un groupe. De toute manière, les codes du métal sont tellement connus qu’il n’est pas interdit de rigoler avec, bien au contraire.
Eh oui c’est aussi ça le métal : de la rigolade, un bon esprit et beaucoup de second degré. Et c’est pour ça que ça marche. On peut en conclure avec certitude que le métalleux a de l’humour. Je serais moins catégorique par contre sur l’hygiène personnelle – surtout pour celui qui rentrera de Clisson ce soir.
Résumons : prévoyant, aventurier, pointu sur son look, pas trop à la dèche, avec de l’humour. Sur le papier, le métalleux médian est donc un bon parti, on peut raisonnablement sortir avec, voire l’épouser sans danger ! Au vu de la fréquentation croissante du Hellfest – et de la prolifération de festivals de métal plus modestes dans tout le pays – pas de souci à se faire pour l’avenir de la filière. Les fans de la première heure qui défonçaient leur cassettes de Metallica dans leurs Walkmans sur les bancs du lycée dans les années 90 sont aujourd’hui parents de petits métalleux en herbe qui perpétuent la tradition à grands renfort de merchandising adapté, du bavoir à tête de mort au body Pantera. Et avec des petites boules Quiès ou un bon casque de chantier, pas de limite d’âge pour les petits en festival !
En bref : le métal c’est bon, mangez-en. Je me rends compte qu’on n’a pas du tout abordé l’aspect musique, qui est quand même un peu au coeur du sujet… Mais ça mériterait au moins une thèse à part, et aujourd’hui on sera déjà bien calés avec une petite copie double de bac !